En 1979, environ huit ans après l'indépendance du Bangladesh, on estimait que 211 enfants sur 1 000 nés dans le pays mourraient avant d'atteindre leur cinquième anniversaire. Cela représente environ 1 enfant sur 5, une perte humaine considérable.
À ma naissance à Cumilla, au Bangladesh, en 2001, mes chances de survie étaient bien plus élevées. Lorsque j'ai fêté mon 9e anniversaire en 2010, mon pays avait franchi une étape décisive en réduisant de deux tiers la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Et aujourd'hui, le Bangladesh est en voie d'assumer l'intégralité des coûts de ses vaccins nationaux passant de 39 % en 2020 à 100 % d'ici 2030.
Ces progrès incroyables sont en grande partie rendus possibles grâce à Gavi, l’Alliance du vaccin, un partenariat mondial pour la santé qui se consacre à améliorer l'accès à la vaccination dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Les mécanismes mondiaux de santé tels que Gavi ont réalisé des progrès incroyables et affichent des statistiques impressionnantes sur leur travail qui sauve des vies, que vous pouvez découvrir sur notre site web, mais je voudrais partager une raison plus personnelle qui explique pourquoi je m'intéresse autant à cette question.
Je suis la preuve vivante de ce que les initiatives mondiales en matière de santé rendent possible. Gavi soutient la vaccination au Bangladesh depuis 2001, et j'ai été vaccinée et protégée par les mêmes programmes que je défends aujourd'hui. Je le fais pour que la prochaine génération puisse avoir accès aux mêmes opportunités que moi, quel que soit le lieu de naissance.
Lorsque Gavi a contribué à la mise en place d'un programme national de vaccination au Bangladesh, la réticence à ces vaccinations constituait une véritable menace pour son succès. J'ai donc demandé à mes parents ce qui les avait poussés à me vacciner, moi, leur premier enfant. Iels ont cité deux motivations principales :
J'ai donc pu constater de mes propres yeux l'impact des initiatives mondiales en matière de santé. J'ai grandi en bonne santé et mes parents pouvaient avoir confiance en ma santé et mon bien-être. Et aujourd'hui, quel est le taux de mortalité infantile au Bangladesh ? Il a considérablement diminué, passant à 35 pour 1 000 naissances, et l'espérance de vie globale a augmenté de manière spectaculaire.
Vivant aujourd'hui au Canada, je suis fière de voir que le gouvernement canadien écoute les agent.e.s de changement à travers le pays et investit à nouveau dans Gavi afin de continuer à soutenir les pays à revenu faible et intermédiaire dans la protection de leurs populations contre les maladies mortelles et dans le renforcement de leurs capacités à gérer de manière indépendante leurs programmes nationaux de vaccination.
Il est temps maintenant d'aller encore plus loin en matière de santé mondiale.
Le Bangladesh n'était pas le seul pays à se débattre avec les défis apparemment insurmontables liés à la lutte contre les maladies et à l'augmentation du nombre de décès. Au début du millénaire, le monde entier, mais surtout les pays à revenu faible ou intermédiaire, voyait le VIH ravager les communautés, la tuberculose continuer de frapper les populations pauvres et le paludisme tuer des centaines de milliers de personnes, en particulier des enfants et des femmes enceintes.
Bien que ces trois maladies aient pu être évitées et traitées, la réponse mondiale était fragmentée et largement sous-financée. Des millions de personnes étaient laissées pour compte.
C'est alors qu'une nouvelle solution mondiale a vu le jour : Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme. Créé en 2002 lors du sommet du G8 avec le leadership du Canada, ce mécanisme a marqué un tournant dans la manière dont le monde réagissait aux crises sanitaires majeures. Tout comme Gavi, il a permis de rassembler et de renforcer la collaboration entre les gouvernements, les communautés et le secteur privé autour d'une vision commune, qui place les pays aux commandes et met l'accent sur le leadership local, la responsabilité et les résultats.
Plus de 20 ans plus tard, le Fonds mondial a contribué à sauver plus de 65 millions de vies. Dans les pays où il intervient, le taux de mortalité lié au VIH, à la TB et au paludisme a baissé de 61 %. Il ne s'agit pas seulement d'un progrès, mais aussi de la preuve que les actions mondiales coordonnées et bien financées en matière de santé fonctionnent.
Cela démontre également ce qu'il est possible de réaliser lorsque le monde entier s'unit pour donner la priorité à l'équité, à la solidarité et à la dignité inhérente à chaque vie humaine. Mais aujourd'hui, cet héritage de progrès est menacé.
Pourquoi est-ce que je partage cette histoire aujourd'hui ? Eh bien, la capacité du Fonds mondial à continuer de sauver des vies est sérieusement menacée.
De nombreux pays, y compris certains des plus riches du monde, réduisent leurs contributions à l'aide internationale. Dans le même temps, de nouveaux défis mondiaux qui s'aggravent, tels que les conflits, le changement climatique, la désinformation, et l' érosion des droits humains, rendent plus difficile la lutte contre les problèmes de santé mondiaux et l'aide aux personnes dans le besoin. Même les maladies évitables par la vaccination que l'on croyait appartenir au passé, comme la rougeole, refont surface à mesure que se répand le sentiment anti-science. Les systèmes de santé s'effondrent sous le poids des crises, laissant les plus vulnérables sans accès aux soins de base.
Cela signifie que la vie des habitants de pays comme le Bangladesh est en danger. Rien qu'en 2023 dans ce pays, le Fonds mondial a permis à 6 180 personnes de bénéficier d'un traitement antirétroviral contre le VIH, à 300 000 personnes d'être traitées contre la TB et a fourni 1,37 million de moustiquaires pour prévenir le paludisme.
À l'heure actuelle, nous avons le choix : nous pouvons battre en retraite et risquer de réduire à néant des décennies de progrès, ou nous pouvons redoubler d'efforts et montrer au monde que nous n'abandonnerons pas la lutte.
Le Canada est depuis longtemps un chef de file en matière de santé mondiale. Au cours des dernières années, notre pays a versé plus de 1,21 milliard de dollars au Fonds mondial, ce qui représente le plus important investissement jamais réalisé par le Canada dans une institution financière internationale dédiée à la santé. Un investissement considérable pour un monde plus sain et plus équitable.
Aujourd'hui, alors que le Fonds mondial lance sa huitième reconstitution des ressources, nous nous trouvons à un moment charnière. Le Canada peut choisir de réaffirmer son leadership en prenant un nouvel engagement audacieux, qui réponde à l'urgence du moment et reflète nos valeurs de compassion, de justice et d'équité.
Il ne s'agit pas seulement de chiffres ou de politiques. Il s'agit de garantir que des enfants comme celle que j'étais à l'âge d'un an – et des millions d'autres à travers le monde – aient la chance de vivre, de grandir et de s'épanouir.
Les initiatives mondiales en matière de santé telles que Gavi et le Fonds mondial ne se contentent pas de lutter contre les maladies mortelles. Elles renforcent les systèmes de santé, forment les travailleurs.euses de première ligne, soutiennent les organisations communautaires et jettent les bases d'une couverture sanitaire universelle. Elles offrent aux familles la sécurité de savoir que leurs enfants peuvent accéder aux soins dont ils ont besoin. Elles donnent à des communautés entières les moyens de se relever et de se reconstruire.
Je me soucie beaucoup de cette question, car j'ai vu à quel point les investissements dans la santé mondiale font une différence, non seulement dans les données, mais aussi dans les vies. Dans ma propre vie.
Ne laissons pas passer cette occasion.
Veillons à ce que le Canada continue de montrer l'exemple et investissons dans un avenir plus sain pour toustes.