La tuberculose (TB) est la maladie infectieuse la plus mortelle au monde ; en 2022 seulement, elle a coûté la vie à environ 1,3 million de personnes . La tuberculose est une maladie infectieuse transmise par voie aérienne et causée par une bactérie qui affecte principalement les poumons. La tuberculose est une maladie qui dépend largement de l’environnement et du contexte social et elle affecte donc de manière disproportionnée les personnes en situation de pauvreté. Le fait que la tuberculose existe encore aujourd’hui démontre bien à quel point les inégalités en matière de santé perdurent à l’échelle mondiale. Même au Canada, la TB est une source de préoccupation chez certains groupes souvent marginalisés, notamment les communautés autochtones et de nouveaux.elles arrivant.e.s.
Les progrès visant à éradiquer la TB ont été fortement compromis par la COVID-19 alors que les budgets nationaux, les travailleurs.euses de la santé et les ressources ont été réaffectées pour répondre à la pandémie. Pour la première fois en 2020 depuis une décennie, le nombre de décès causés par la tuberculose a alors augmenté. Si une importante reprise mondiale de la lutte contre la TB a été signalée en 2022, nous sommes encore loin d’atteindre les objectifs mondiaux d’élimination de cette maladie ancestrale.
Résumé de la campagne: Afin de réaliser le Plan mondial pour mettre fin à la TB d'ici 2023 et de se préparer aux menaces futures, le Canada doit intensifier et augmenter chaque année les investissements dans la recherche et le développement (R&D) sur la TB afin de mettre au point et de fournir de nouveaux outils pour prévenir, diagnostiquer et traiter cette maladie infectieuse mortelle qui touche des millions de personnes dans notre pays et à l'étranger.
Tout au long de la pandémie de COVID-19, nous avons vu le meilleur de l’action collective internationale ainsi que ses limites. La coopération scientifique mondiale a permis la mise au point rapide de vaccins COVID-19 sûrs et très efficaces. En seulement un an, 19 vaccins ont été approuvés. Cet élan d’innovation scientifique, soutenu par une volonté politique, a conduit à un effort de vaccination de masse qui a permis d’éviter des millions de décès. Mais nous avons également été témoins d’une inégalité flagrante en matière de vaccins au niveau mondial, les nations riches ayant laissé leurs propres intérêts prendre le pas sur la nécessité d’une solidarité mondiale. Au lieu de nous rapprocher, les vaccins ont mis à nu les fractures, notamment les fractures socio-économiques.
L’histoire de la tuberculose (TB) — la maladie infectieuse la plus meurtrière au monde — illustre également les inégalités profondément enracinées dans la santé mondiale. Alors que COVID-19 a mis en évidence les inégalités d’accès aux vaccins existants, la TB a démontré les inégalités liées aux maladies pour lesquelles nous nous donnons la peine de développer des vaccins. Il n’existe donc qu’un seul vaccin contre la TB, ce qui témoigne de la négligence à l’égard de maladies qui touchent principalement les personnes vivant dans la pauvreté.
Ce vaccin — le vaccin Bacille Calmette-Guérin (BCG) — a été introduit en 1921 et est l’un des vaccins les plus largement administrés dans l’histoire de l’humanité. Mais compte tenu de son efficacité limitée et de la persistance du fardeau de la TB dans le monde, ce vaccin centenaire nous rappelle le manque de financement pour lutter contre les maladies qui touchent principalement les communautés marginalisées.
Les vaccinations constituent l’une des plus grandes réalisations de l’histoire de l’humanité en matière de santé publique et jamais aucune maladie infectieuse n’a été éradiquée en l’absence d’un vaccin efficace. La TB ne fera pas exception. La mise au point d’un nouveau vaccin contre la TB pourrait véritablement changer la donne dans la quête de l’éradication de la TB, car il s’agirait de l’intervention la plus efficace pour rapprocher le monde de l’élimination de la TB — l’une des cibles de l’Objectif de développement durable (ODD) 2030 de l’Organisation des Nations Unies..
Pour mettre fin à l’épidémie de TB, il faudra mettre au point et déployer de nouveaux vaccins sûrs, efficaces et abordables, et les prochaines années constitueront un chapitre décisif de cette histoire. Heureusement, plusieurs dans les R & D travaillent dur pour #ChangerLaDone : il y a actuellement 17 candidats dans le pipeline des vaccins contre la TB. Après plus de 100 ans avec un seul vaccin, cette innovation redonne de l’optimisme au mouvement de lutte contre la TB.
La mise au point d’un antibiotique contre la TB en 1943 a permis de #ChangerLaDonne dans le traitement de cette maladie. Les décennies suivantes ont vu la mise au point de quelques antibiotiques supplémentaires qui, ensemble, ont permis de considérer la TB comme une maladie en grande partie traitable. Toutefois, dans les années 1980, quarante ans après cette découverte révolutionnaire, les espoirs d’une élimination totale de la TB ont été anéantis par l’apparition de souches résistantes aux médicaments, ce qui se produit lorsque les bactéries pathogènes ne réagissent plus aux médicaments conçus pour les traiter.
Face à l’augmentation de la résistance aux médicaments et à la résurgence de la TB qui en résulte, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a déclaré en 1993 que la tuberculose constituait une urgence sanitaire mondiale. La TB pharmacorésistante continue de faire des ravages dans le monde et se caractérise par une morbidité et une mortalité accrues, et donc par des coûts et une complexité plus élevés.
De même que l’incidence de la TB a augmenté pendant la pandémie (avec 10,6 millions de personnes atteintes de TB rien qu’en 2021), la charge de la TB pharmacorésistante a également augmenté de 3 % entre 2020 et 2021. La menace croissante de la pharmacorésistance nous rappelle de manière alarmante que le traitement approprié des maladies infectieuses pour prévenir les souches résistantes doit être une priorité mondiale.
La TB pharmacorésistante se développe lorsque le traitement antituberculeux — long, complexe et vieux de plusieurs décennies — est mal administré ou lorsque les personnes atteintes de TB arrêtent de prendre leurs médicaments avant que la maladie n’ait été complètement éradiquée de leur corps. Une fois qu’une souche résistante aux médicaments s’est développée, elle peut être transmise directement à d’autres personnes. Traditionnellement, la TB pharmacorésistante était beaucoup plus difficile à traiter, nécessitant des régimes de traitement lourds pouvant aller jusqu’à deux ans, qui ne permettaient de guérir qu’environ la moitié des personnes traitées.
En 2019, un autre facteur a permis de #ChangerLaDonne pour les traitements contre la TB : TB Alliance — un partenariat de développement de produits à but non lucratif dédié à la découverte et au développement de nouveaux médicaments plus rapides et abordables contre la TB — a mis au point un nouveau traitement de la TB pharmacorésistante. Le régime à trois médicaments, entièrement oral et d’une durée de six mois, connu sous le nom de BPaL, a montré un taux de réussite d’environ 89 % dans les essais cliniques et a été approuvé par l’OMS. La durée plus courte, le nombre réduit de comprimés et l’efficacité accrue de ce nouveau traitement peuvent contribuer à alléger la charge qui pèse sur les systèmes de santé, tout en améliorant les résultats du traitement et la qualité de vie des personnes atteintes de TB pharmacorésistante.
Parmi les près de 10,6 millions de personnes qui sont atteintes de tuberculose (TB) chaque année, 4,2 millions échappent aux systèmes de santé. Cela signifie qu’elles ne reçoivent pas de diagnostic ni les soins dont elles ont besoin.
On estime que des milliards de personnes, soit environ un quart de la population mondiale, sont infectées par la bactérie responsable de la TB. Étant donné que 5 à 10 % finissent par développer une TB, l’obtention d’un diagnostic précis peut être une question de vie ou de mort. L’accès aux outils de diagnostic est donc essentiel pour lutter contre l’épidémie de la TB. Cependant, le diagnostic reste le maillon le plus faible du continuum de soins de la TB. Il existe un écart important au niveau mondial entre le nombre estimé de personnes qui tombent malades de la TB et le nombre de personnes diagnostiquées.
Le coût élevé, la faible précision, l’inefficacité de la collecte d’échantillons et l’accessibilité limitée des tests empêchent le plein accès aux outils de diagnostic. Cela constitue un obstacle important à l’élimination de la TB, car nous ne pouvons pas mettre fin à la TB si nous ne pouvons pas la trouver.
Alors qu’une détection précoce et un traitement approprié permettent de guérir la TB, le taux élevé d’infections tuberculeuses met en évidence l’absence de diagnostic et de traitement rapides. La plupart des outils de diagnostic de la TB nécessitent un échantillon d’expectoration (mucus craché par les voies respiratoires), mais de nombreuses personnes ne peuvent pas facilement produire cet échantillon, notamment les personnes vivant avec le VIH, les personnes atteintes de TB en dehors des poumons et les enfants.
Heureusement, il y a cielles qui s’efforcent de #ChangerLaDonne via la recherche et le développement (R & D) pour améliorer les outils disponibles pour tester la TB.
Pour que les personnes atteintes de TB n’échappent pas aux systèmes de santé, il faudra assurer un accès équitable à des tests de diagnostic non basés sur l’expectoration, disponibles là où les personnes accèdent pour la première fois aux soins. Il s’agit de rapprocher les tests des personnes, plutôt que de les obliger à se rendre dans des établissements de santé centralisés. Le développement continu de nouveaux outils — tels que les technologies d’autodiagnostic, les écouvillons de langue et les tests urinaires pour simplifier la collecte d’échantillons — facilitera des diagnostics aux niveaux locaux inférieurs du système de soins de santé, ce qui permettra de rencontrer les personnes et les communautés là où elles se trouvent.
Bien que les connaissances scientifiques nécessaires à la mise au point de nouveaux outils de diagnostic, prévention et traitements, contre la TB existent, ces progrès, ainsi que la mise en œuvre de nouveaux traitements en temps voulu, sont menacés par la grave pénurie de fonds destinés à la recherche et au développement (R & D) dans le domaine de la TB. En 2018, lors de la première Réunion de haut niveau de l’Organisation des Nations Unies (RHN-ONU) sur la TB, les États membres se sont engagés à fournir 2 milliards de dollars américains par an pour la recherche et le développement sur la TB et à ce que chaque pays donateur apporte sa « juste part » : 0,1 % de ses dépenses totales de R & D.
Chaque année depuis que cet engagement a été pris, le monde a manqué d’atteindre l’objectif fixé, alors même que le fardeau de la TB a augmenté pour la première fois en vingt ans. Le Canada, par exemple, n’a pas contribué une seule fois à sa juste part : en 2021, il n’a atteint que 67 % de l’objectif.
Comme si ce n’était pas assez, le besoin de financement annuel pour la R & D sur la TB a plus que doublé en raison d’années de grave sous-financement et des répercussions de la pandémie de COVID-19 sur les programmes de lutte contre la TB. Le plan mondial de lutte contre la tuberculose 2023-2030 du partenariat Halte à la tuberculose appelle les bailleurs de fonds à consacrer chaque année 5 milliards de dollars à la recherche et au développement dans le domaine de la TB. En 2021, seul un milliard de dollars américains a été levé.
C’est pourquoi nous demandons au Canada de réaffirmer son engagement à mettre fin à la TB mais un engagement politique ne suffit pas. Plus que jamais, les personnes atteintes de TB ont besoin de solutions. Le Canada doit concrétiser ses promesses en atteignant les objectifs annuels actualisés de sa « juste part » en matière d'investissement dans la R&D sur la TB et se faire le champion du développement et de la fourniture de nouveaux outils de prévention, de diagnostic et de traitement de la TB. Avec le financement et la volonté politique de promouvoir le développement scientifique, les innovations qui changent la donne nous rapprocheront d’un monde où plus personne ne souffrira de la TB.
Résumé de la campagne: Afin de réaliser le Plan mondial pour mettre fin à la TB d'ici 2023 et de se préparer aux menaces futures, le Canada doit intensifier et augmenter chaque année les investissements dans la recherche et le développement (R&D) sur la TB afin de mettre au point et de fournir de nouveaux outils pour prévenir, diagnostiquer et traiter cette maladie infectieuse mortelle qui touche des millions de personnes dans notre pays et à l'étranger.
« Global Tuberculosis Report 2022 » de l’OMS
Rapport R & D sur la TB 2022
Tuberculosis Factsheet (en anglais seulement)
Le plan mondial de lutte contre la tuberculose 2023-2030
Canada TB Tracker